De toutes les tendances sonores récentes, celle du retour en grâce des sonorités popularisées dans les années 1970 et 1980 est la plus grisante et nostalgique, et ne donne aucun signe de faiblesse. Le français Dabeull est passé maître dans lʼart de leur donner une nouvelle vie. Il a poussé sa passion des claviers et des boîtes à rythme vintage, sa science des accords oniriques et des lignes de basse contagieuses au point de les incarner dans un personnage à lʼimage des musiques de son cœur : sincèrement passionné et pourtant bourré d'autodérision, séducteur mais jamais intimidant, pointu mais toujours accessible.
Dans ses vidéos YouTube à la mise en scène léchée, qui témoignent dʼun impressionnant savoir-faire de producteur et dʼune aisance qui force l'admiration tout en donnant à son art l'air de la plus évidente des pratiques, il choisit avec un goût très sûr dans sa collection dʼinstruments de quoi constituer de petits bijoux de pop disco-funk rétro qui ont conquis leur public, de la France jusquʼau Brésil. Sur scène, sans rien sacrifier de son sens du spectacle, il célèbre en compagnie dʼun groupe dʼorfèvres lʼélément indispensable de ces musiques dansantes et généreuses : le pouvoir irrésistible du groove sur la foule qui avait déjà conquis la planète au siècle dernier.
Galliano - 20h30
Après vingt-cinq ans dʼabsence, le groupe mené par Robert Gallagher fait son grand retour pour raviver la flamme dʼun métissage musical qui, depuis ses débuts dans les années 1990, nʼa jamais cessé de briller. À lʼaube du nouveau millénaire et de lʼune des décennies les plus créatives du jazz mondial, marquée par une passionnante actualité britannique, Galliano avait ainsi su rassembler tous les styles qui font la richesse musicale de Londres, du hard-bop jusquʼau jazz rock, mais aussi le dub, le trip-hop, la house et le funk, contribuant à inventer ce quʼon appellerait bientôt lʼacid jazz. Un son festif et accessible et pourtant expérimental, où entre les airs dansants, des paroles aux prises avec les préoccupations sociales de lʼépoque soulevaient des questions qui restent dʼune frappante actualité.
À lʼheure où en Angleterre, en France et dans le reste de lʼEurope, leurs héritiers occupent le devant de la scène jazz, Galliano revient à point nommé avec un nouvel album dont le titre, Halfway Somewhere, comme une déclaration dʼintention, témoigne dʼune volonté de reprendre les choses là où elles sʼétaient arrêtées en 1996, quand sortait leur ultime album avant cette longue pause. Ancré dans son époque sans renier son style, le groupe de Robert Gallagher jette un pont entre un passé glorieux et un avenir encore plein de surprises.
