Chanteur talentueux, dans un registre aussi bien mélancolique que facétieux, Thomas Dutronc a été auréolé de succès dès son coup d’essai en 2007 (un disque d’or pour son premier album deux mois après sa sortie). Mais cette vocation familiale ne doit pas faire oublier que c’est comme guitariste de jazz qu’il a commencé dans la musique, arpentant les clubs et les petites scènes, se faisant les doigts à la bonne école de la pompe manouche.
Le jeune Thomas a appris la guitare swing avec humilité, auprès de ses aînés, dans la tradition de la culture manouche. Romane le premier l’a mis sur les rails, puis Biréli Lagrène, qui l’a inclus dans son « Gipsy Project ». C’est aussi avec sa guitare qu’il a conquis le grand public, cette guitare qui a fait swinguer « Les triplettes de Belleville » auprès de son ami d’enfance -M-. Tout en continuant son chemin personnel, le guitariste n’a jamais oublié la musique de Django, dont il a insufflé à ses chansons la joyeuse énergie. Et c’est avec deux de ses plus brillants représentants qu’il sera, entre amis, sur la scène du Théâtre Antique : Rocky Gresset, le virtuose discret, et Stochelo Rosenberg qui, pour une fois, va délaisser son trio attitré pour se fondre dans une autre famille. Trois guitares et une voix pour réinterpréter les chansons de Dutronc père comme celles, intemporelles, que Dutronc fils a chantées sur son album Frenchy mais aussi les plus belles compositions du répertoire manouche…
Biréli Lagrène, Martin Taylor & Ulf Wakenius - 22h15
The Great Guitars
L’histoire de la guitare est jalonnée de rencontres, de joutes, voire de rivalités qui au gré des disques et des concerts sont parfois entrées dans la légende. Et si souvent, la possibilité des « supergroupes » (ces formations qui réunissent une poignée de stars le temps d’une tournée, d’une session studio ou même d’un unique spectacle) semble appartenir à une époque révolue, le monde de la six-cordes permet encore de rêver à des collaborations inédites, susceptibles d’entrer à leur tour dans l’histoire. The Great Guitars est de celles-là. Ressuscitant le groupe qu’avaient formé dans les années 1970 trois dieux de la guitare jazz, Herb Ellis, Barney Kessel et Charlie Byrd, l’anglais Martin Taylor, qui avait succédé à Herb Ellis dans le trio original, a proposé à deux de ses plus illustres confrères de remettre sur pied ce projet sans équivalent. Cette fois, c'est le suédois Ulf Wakenius, dont la fluidité et la maîtrise de toute l’histoire du jazz l’ont érigé en référence indiscutable de l’instrument, et Biréli Lagrène, dont l’inspiration prodigieuse et la musicalité innée, qui confine au surnaturel, fait l’admiration de tous ses pairs, qui complètent la dream team. Comme dans le groupe original, la magie ne tient pas à un quelconque esprit de compétition, mais à leur capacité à exprimer les 1001 nuances et la sensibilité à fleur de peau dont seule une guitare est capable et que jalousent tant d’autres instrumentistes.
